Nolwenn Pouliquen

La Question du mois

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    Analyse du dernier sondage

    Analyse sondage février 2021

     

    Peut-on piloter sans budget aujourd’hui ?

    Le budget est un outil de gestion, qui permet de planifier des atterrissages financiers. Il donne de la visibilité en s’appuyant sur des indicateurs plus ou moins optimistes et exhaustifs en répondant à la question « qu’est-ce qu’il est raisonnable de projeter et de penser sur l’évolution de l’activité sur une échelle de temps déterminée ». Autrement dit, il apparaît comme une réponse évidente à la question de savoir comment piloter son activité puisqu’il offre une grille de lecture analytique des objectifs, des possibles et des bornes, plus ou moins raisonnables, que l’on peut fixer à son collectif.

     

    Dans un contexte d’incertitude, c’est moins ce qui permet de construire le budget que la capacité de l’outil à produire une perception de l’atterrissage financier qui est questionnée. Autrement dit, c’est l’une des fonctions clés du budget qui est touchée : la sécurisation et le contrôle de l’activité. Et dans ce contexte, « piloter » peut prendre un tout autre sens, au point de mettre en lumière une compréhension restreinte de la notion.

     

    On trouvera chez Descartes quelques échos à cette situation. Car Descartes interroge l’incertitude en interrogeant la certitude. Et il interroge l’agir en contexte d’incertitude. En se mettant en quête des savoirs réels, Descartes pointe du doigt l’illusion des certitudes de son temps ; et en interrogeant l’action dans ce contexte, il construit une doctrine de l’action par provision qui pourrait s’avérer inspirante. Dans un langage contemporain, ou pourrait la reformuler en trois idées clés :

    • Un contexte d’incertitude nous oblige à être en résonnance de notre temps – écouter et faire le pas de côté quand il s’avère pertinent.
    • Apprendre à discerner et rester ferme dans les décisions que l’on prendra – être agile ne veut pas dire hésiter. 
    • Être attentif à ses émotions, en accepter la part de domination – sans les subir complètement.

     

    Avec Descartes, on pourrait donc se demander si cette incertitude qui semble prendre la place de nos certitudes passées n’est pas plutôt la révélation de l’illusions de nos certitudes passées et celles des croyances sédimentées que nos outils véhiculent. Si donc le budget était l’outil du contrôle, interroger sa capacité de pilotage c’est, a minima, interroger le degré de contrôle que l’on s’applique dans la gestion de ses activités. Mais cela peut aussi être l’interrogation autres outils et des autres indicateurs que l’on pourrait mobiliser. Or c’est précisément ce que les réponses au sondage mettent en lumière : on y lit un sentiment de libération lorsque l’outil du budget devient inopérant ; l’émergence d’autres outils, comme la stratégie, l’esprit critique, la raison d’être et ses ambitions attenantes… Cela n’exclue évidemment pas d’avoir des outils de mesure, mais ils n’ont pas à être exclusivement financiers et chiffrés, et laissent sans doute place à des temporalités différentes.

     

    In fine, si le budget apparaît comme un cadre de gestion permettant de sécuriser l’activité, vos réponses mettent aussi en lumière qu’il y a dans cet outil une illusion propre à toutes les approches mathématiques : l’objectivité des chiffres. Vos réponses nous invitent à interroger ce que piloter veut dire en questionnant l’arsenal des outils qui sont la disposition des pilotes. Force est de constater que vous ne manquez pas d’idées !

     

    → Lire l’article complet : Management de l’incertitude : le budget, une victime collatérale ?